THE NIGHTHAWKS: Backporch Party (2015)
Ah, voilà un petit disque qui fait plaisir car il renoue avec différents styles de cette bonne vieille musique américaine (le rock'n’roll, le blues, le rockabilly, le swing). Ces faucons de nuit ont opté pour un simple quatuor à l’ancienne (harmonica, guitare acoustique, contrebasse, batterie). L’harmoniciste se révèle hyper doué en solo comme en rythmique, le guitariste distille des phrasés rock et jazzy tout droit échappés des « fifties » et la section rythmique assure avec efficacité. Nos oiseaux attaquent directement avec « Rock this house », un rock swinguant doté d’un solo de gratte que n’aurait pas renié Charlie Christian et d’une harmonie guitare/harmonica. L’harmoniciste s’éclate sur la reprise de « Walkin’ after midnight », un titre archi-connu mais qui prend un coup de jeune grâce à l’interprétation magistrale des Nighthawks. Le groupe reprend également « Matchbox » (la chanson d’Ike Turner et pas celle de Carl Perkins) avec deux bons solos (harmonica et guitare) ainsi que « Tiger in your tank » de Willie Dixon dans une version jump blues proche du rock'n’roll. Sur ce titre, le gratteux fait rouler ses notes grâce à un bottleneck. Les Faucons envoient encore du rock « fifties » (« Jana Lea ») et reprennent avec authenticité le « Rollin’ stone » de Muddy Waters avec ce rythme hypnotique si caractéristique et un harmonica incroyablement bluesy. Ils balancent un rock de leur composition (« Guard my heart ») et un blues avec un solo de six-cordes bien senti et un harmonica qui se lamente (« Down to my last million tears »). Ils font aussi un clin d’œil au rockabilly avec le morceau « Hey miss hey » sur lequel le guitariste et l’harmoniciste rivalisent de maîtrise technique et d’improvisation. Il faut enfin souligner « Rooster blues » (un blues/swing dans l’esprit de BB King avec deux bons solos successifs d’harmonica et de guitare) et le jump-swing « Back to the city » (composé par les Nighthawks). En conclusion, cet album très sympathique transporte l’auditeur dans la magie des années cinquante avec un son authentique et rafraîchissant mais aussi terriblement actuel. Un remède contre la morosité ambiante !
Olivier Aubry